Au Royaume-Uni, la tranche marginale de l'impôt sur le revenu passa sous Margaret Thatcher de 83 % à 60 % puis 40 %, ce qui entraîna immédiatement une hausse des recettes fiscales d'1,2 milliard £ en 1985-1986
C'est tout à fait normal: dans le cas d'un impôt progressif, le taux d'imposition est croissant avec le niveau de revenu. Une hausse des recettes pour l'état succède donc naturellement à une hausse des inégalités de revenus. Or, une diminution de l'impôt marginal pour les tranches les plus riches entraîne mécaniquement une hausse des inégalités (les plus riches paient moins d'impôt, donc ils gagnent encore plus) : il est donc normal que les revenus de l'État augmente, même si l'activité économique générale n'a pas bougé.
Considérons un pays qui a 3 tranches d'imposition sur le revenu :
S'il y a 3 habitants, Albert, Bernard et Charles, dans ce pays, qui ont respectivement des revenus de 800€, 4 000€ et 11 000€.
La somme des recettes fiscale atteint 1 650€.
Supposons que la tranche maximale d'impôts sur le revenu diminue pour atteindre 25%, accompagné ou non d'autres mesures fiscales : cela favorise les revenus de Charles.
Supposons maintenant que les revenus globaux n'augmentent pas, voici la nouvelle répartition des revenus : Albert va gagner 600€, Bernard 2 000€ et Charles 13 200€.
Les recettes fiscales sont désormais de 1 900€.
Réciproquement, si des mesures redistributives sont mises en place, réduisant le revenu de Charles au profit de celui des deux autres, les recettes fiscales vont diminuer : si on considère que le taux marginal d'imposition est de 50%, et que les revenus sont maintenant à 1 200€, 4 600€ et 10 000€, les recettes fiscales s'élèvent à 1 380€ (20+360+1 000).
On voit donc qu'on peut expliquer le résultat de Laffer sans même que la variation d'impôt n'affecte le niveau global des revenus. Ce résultat concernant la variation des recettes fiscales n'est donc pas un argument recevable pour justifier la phrase suivante :
une augmentation de l’impôt conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents économiques sur-taxés seraient incités à moins travailler (cela ne vaut plus la peine de travailler si la progression des gains issus du travail diminue pour une unité supplémentaire de travail effectué).