Cet article est très intéressant, parce qu'il nous montre comment on est en arrivé là: par l'aveuglement des «élites» médicales auquel l'auteur appartient.
C'est parti pour une petite (ou pas, l'article de base est méga long, donc moi aussi) analyse critique de texte :
Ce n’est pas une guerre, nous ne pourrons jamais vaincre ou éradiquer cette créature. Nous prémunir contre ses dégâts si, puis nous aurons à apprendre à vivre avec elle.
C'est dommage hein, on aurait pu l'éradiquer cette saloperie si les États avaient appliqué les consignes de l'OMS. Tant qu'une épidémie est localisée et limitée à un faible nombre de malade, elle peut être éradiquée : c'est notamment ce qui s'est passé avec le SRAS. Sauf que voilà, grâce aux bons conseils de quelques Jean-Michel «c'est qu'une grosse grippe», aucun pays occidental n'a pris la menace au sérieux, et on est dans la panade pour quelque temps.
Depuis le début de l’émergence du coronavirus, je partage mon analyse qu’il s’agit d’une épidémie banale.
L'auteur nous présente ici son point de vue, et il va ensuite le défendre avec des arguments dont la bonne foi est douteuse :
Pourtant, les données sont là : les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque année font bon an mal an 2'600'000 morts à travers le monde.
Mauvaise foi n°1: inclure la tuberculose et son million et demi de mort annuel dans ce compte. Pourquoi c'est de la mauvaise foi ? Parce que la tuberculose est une maladie qui n'existe plus que dans les pays au système médical inexistant ou délabré (ex-URSS), ou encore chez des patients atteint du SIDA. Comptabiliser les morts de la tuberculose, c'est comptabiliser les victimes du sous-développement, ça n'a donc rien à faire dans une comparaison avec une épidémie qui frappe actuellement l'Europe occidentale de plein fouet.
Avec le Covid-19, nous en sommes, au quatrième mois, à 9'000 décès
Et 4 jours plus tard, le temps que je tombe sur cet article et que j'écrive ici, on en est rendu à 12 725 morts (+40%).
Les maladies chroniques seraient évitables à 80% si nous nous donnions les moyens de protéger la population plutôt que de sacrifier sa santé au profit d'intérêts industriels. Nous avons depuis des décennies accordé des facilités coupables à des industries hautement toxiques au détriment du bien commun et de la santé de population (pour un développement de ce constat, se référer à l’article suivant).
Là-dessus je ne peux pas ne pas être d'accord avec lui, il n'empêche que pour le seul diabète, ça représente 400 millions de personnes dans le monde et 3 millions en France. Même si la casse ne devait toucher que ces gens-là, ça représente un sacré paquet de vies humaines …
Nous n’avons donc à ce stade aucune idée de l’ampleur réelle de la propagation du virus. La bonne nouvelle est que les données réelles (en particulier les taux de complications et de mortalité) ne peuvent être que largement inférieures à ce qui est couramment avancé. La mortalité réelle, comme annoncé dans un précédent article, doit en fait s'établir au plus à 0,3% et probablement encore moins. Soit moins du dixième des premiers chiffres avancés par l’OMS.
Les dernières modélisations évaluent à un ratio minimal de 1:8 (et possiblement jusqu'à 1:47 voire encore plus) le nombre de cas détectés vs non détectés, dépendamment des stratégies de dépistage mises en œuvre selon les pays. En date du 16 mars par exemple, on recensait 167'000 cas déclarés à travers le monde alors que l'estimation du nombre global de personnes infectées s'élevait à plus de 1'000'000. Une équipe de recherche universitaire américaine m'a fait part qu'ils évaluaient (étude à publier) actuellement à 800'000 le nombre de personnes réellement infectées en Chine (et donc très probablement immunisées) pour 3'118 décès. Soit effectivement un taux de mortalité de 3/1000.
On s'est effectivement rendu compte au fur et à mesure qu'un certain nombre d'infection au SRAS-Cov-2 s’avérait asymptomatique, et que le nombre de personne réellement infecté est bien plus important que ce qu'on pensait initialement, ce qui réduit d'autant l'estimation de la létalité du virus. Le problème c'est qu'on n'a encore aujourd'hui aucune idée de combien est le multiple. Il cite ici les études les plus optimistes, mais elles sont loin de faire l'unanimité et d'autres études trouvent des proportions bien différentes.
Il existe un exemple réel de foyer d'infection pour lequel on connaît exactement l'étendu de la contamination : le Diamond Princess ce navire de croisière resté immobilisé au large du Japon pendant que l'épidémie y faisait rage. Après avoir débarqué et dépisté la totalité des passager et membre d'équipage du navire, on aboutit aux chiffres suivants: sur 3,618 personnes testées, 696 se sont révélées positives et 286 ont développé des symptômes (42%) et 9 sont décédés, soit un taux de mortalité de 1.2%, soit 4 fois plus que les 0,3% évoqués par l'auteur. Le cas du Diamond Princess n'est évidemment pas généralisable tel quel, d'une part la population d'un navire de croisière étant beaucoup plus âgée que la population terrestre moyenne, d'autre part, les malades ont pu bénéficier d'un des meilleurs systèmes de santé au monde et ont pu y être accueilli dans de bonnes conditions (ce qui n'est pas le cas lorsque l'épidémie s'étend et que les services médicaux sont surchargés).
Pareillement, les projections qui sont faites pour imaginer le nombre de morts possibles sont rien moins que délirantes. Elles reposent sur un « forçage » artificiel et maximal de toutes les valeurs et coefficients. Elles sont faites par des gens qui travaillent dans des bureaux, devant des ordinateurs et n’ont aucune idée ni des réalités de terrain, ni de l’infectiologie clinique, aboutissant à des fictions absurdes.
On a là un anthropologue de la santé qui prend de haut les épidémiologistes sur leurs modèles parce que leurs prévisions vont à l'encontre de son intuition «depuis le début». Si ça vous rappelle les climatosceptiques se moquant des rapports du GIEC, vous n'êtes pas la seule [1]. D'ailleurs on y reviendra, aux climatosceptiques.
C’est hélas le vrai point noir : s’il n’y avait pas ces cas graves, l’épidémie serait insignifiante.
Ainsi en Italie, seuls 7 des 2'500 premiers décès concernaient des personnes âgées de moins de 50 ans. Ces cas existent, mais ils sont heureusement marginaux. Un possible motif d'inquiétude en revanche est cette affirmation qu'il y aurait des personnes jeunes en quantité non négligeable atteintes de pneumonie et placées sous assistance respiratoire.
Aujourd'hui, 22 mars, 50% des 1525 patients admis en réanimation en France ont moins de 60 ans. L'usage du conditionnel «il y aurait», que j'interprète comme trahissant une volonté de minimiser ce fait gênant par rapport au reste du discours, me gêne beaucoup, mais peut-être que je sur-interprète.
Nous avons alors adopté des mesures absolument contraires aux bonnes pratiques : renoncer à dépister les personnes possiblement malades et confiner la population dans son ensemble pour enrayer la diffusion du virus. Mesures à vrai dire […] problématique puisqu’[…]elles enferment tout le monde alors qu’une faible minorité seulement est concernée. Toutes les recommandations en santé publique sont à l’inverse de dépister le plus de cas possibles, et de confiner uniquement les cas positifs le temps qu’ils ne soient plus contagieux.
Il ne fait aucun doute que le dépistage est préférable au confinement, seulement voilà, l'État n'était manifestement pas préparé à réaliser un dépistage massif de la population en un temps bref, contrairement à d'autres pays comme la Corée du Sud ou l'Allemagne. Une fois le gouvernement débordé et incapable de faire le dépistage nécessaire, le confinement restait la seule mesure viable. C'est d'ailleurs ce qui a été fait en Chine et qui a permis de reprendre le contrôle de la situation.
Rien de tout ceci n’a été pensé, alors que le risque de pandémie est un risque sanitaire majeur. La vérité, c’est que nous avons été complètement dépassés. C’est évidemment plus facile de jouer sur les métaphores guerrières que de reconnaître notre tragique impréparation…
Ça, je ne te le fais pas dire. Sans compter l'histoire du stock stratégique de masques qu'on a décidé de ne pas renouveler parce que «ça coûtait trop cher» …
Le premier expert mondial en matière de maladies transmissibles s’appelle Didier Raoult. […] Le Pr Raoult est par ailleurs classé parmi les dix premiers chercheurs français par la revue Nature, tant pour le nombre de ses publications (plus de deux mille) que pour le nombre de citations par d’autres chercheurs.
Aucun problème avec cette description, elle est exacte. Mais il en manque un bout: le Pr Raoult pour brillant qu'il soit est aussi connu pour ces sorties à l'emporte-pièce: que ce soit sur le changement climatique dans le très conservateur journal Le Point, les vaccins, ou tout un tas d'autres positions iconoclastes sur l'alcool, les antibiotiques ou le soleil. Bref, c'est indéniablement un chercheur brillant, mais c'est aussi une «grande gueule» qui n'hésite pas à utiliser sa notoriété scientifique pour donner à qui veut l'entendre son avis sur tout et n'importe quoi, y compris plein de choses qui sortent complètement de son domaine de compétences.
Je trouve ça assez malhonnête de cacher cet aspect de sa personnalité, parce que ça éclaire la réaction de la communauté scientifique Française suite aux annonces sur les tests qu'il a menés:
Il fut toutefois accueilli comme un cheveu sur la soupe, ses confrères dénigrant d’emblée sa proposition.
J'espère sincèrement que le Pr. Raoult a raison sur l'efficacité de la Chloroquine, parce qu'on pourrait sauver des dizaines de milliers de vie rien qu'en France si c'était le cas. Mais quand un chercheur réputé pour donner son avis sur tout sur les plateaux TV, débarque sur sa chaîne Youtube avec une expérience méthodologiquement YOLO, ce n'est pas étonnant d'avoir vu passer des réactions agacées, même si je pense que leurs auteurs auraient mieux fait de se taire.
Les journalistes du Monde allèrent même jusqu’à qualifier sa communication de « fake news », accusation reprise sur le site du ministère de la santé pendant quelques heures avant d’être retirée.
Alors ça, j'espère que ça fera comprendre à Samuel Laurent et ses collègues du Ministère de la Vérité des Décodeurs du Monde que leur prétention à décider ce qui est vrai ou faux est tout aussi pathétique qui nuisible, même si je n'y crois malheureusement pas trop …
La chloroquine a également démontré une puissante efficacité thérapeutique contre la plupart des coronavirus, dont le redouté SRAS de sinistre mémoire.
Ça c'est malhonnête, parce que les résultats ont été obtenu uniquement in vitro. Tout comme plein de résultat sur la Chloroquine et les virus, dont l'essentiel se limite malheureusement à des effets in vitro sans effets in vivo.
La méthodologie est robuste, puisque l’IHU de Marseille a pu comparer la négativation du portage viral chez les patients qui ont suivi le protocole avec des patients d’Avignon et de Nice qui n’ont pas reçu le traitement.
Bah non, comme le montrait un lien cité plus haut, et d'ailleurs ici encore notre anthropologue de la santé n'est pas qualifié (pas plus que moi) pour en juger : c'est à ça que sert l'évaluation par les pairs !
Mais diable ! nous sommes dans une situation d’urgence. La chloroquine est un des médicaments les mieux connus et les mieux maîtrisés (en particulier par l’IHU de Marseille). On peut donc tabler sur une très solide expérience relative au sujet de sa prescription. Se réfugier derrière un intégrisme procédural est éthiquement indéfendable dès lors qu’on parle d’un médicament qu’on connaît par cœur, qui a déjà démontré son efficacité sur d’autres coronavirus, confirmée sur celui-ci par deux essais cliniques, et alors que des vies sont en jeu jour après jour !
Alors là je suis d'accord, mais dans ce cas l'épidémie elle n'est plus banale on est d'accord ? Parce que si elle est banale pourquoi prendre des raccourcis méthodologiques …
Raoult a relevé avec ironie qu’il n’était pas impossible que la découverte d’une nouvelle utilité thérapeutique pour un médicament tombé de longue date dans le domaine public soit décevant pour tous ceux qui espèrent un prix Nobel grâce à la découverte fracassante d’une nouvelle molécule ou d'un vaccin… sans oublier la perspective des dizaines de milliards de dollars de revenus à prendre, là où la chloroquine ne coûte littéralement rien.
Ça c'est un point «le complot de Big Pharma» …
Martin Hirsch, disait ainsi au micro d’Europe 1 : "La chloroquine marche très bien dans une éprouvette, mais n’a jamais marché chez un être vivant", ce qui était déjà parfaitement faux !
Alors qu'on ne me taxe pas de complaisance avec (ce ** de Martin Hirsch](https://twitter.com/FranceNews24/status/1238960215179112450) mais il ne fait que dire ce que j'ai aussi dit plus haut: les résultats qu'on avait jusque-là étaient essentiellement in vitro !
Nos pays ont renoncé (contrairement aux Chinois et aux Coréens) au dépistage systématique au profit d’un confinement dont le Pr Raoult souligne qu’il n’a jamais été une réponse efficace contre les épidémies. C’est un réflexe ancestral de claustration (comme à l’époque du choléra et du Hussard sur le toit de Giono). Confiner chez eux des gens qui ne sont pas porteurs du virus est infectiologiquement absurde- le seul effet d’une telle mesure est de détruire l’économie et la vie sociale. Un peu comme bombarder une ville pour en éloigner les moustiques porteurs de malaria…
On croit rêver. On rappellera que la Chine, le seul pays à avoir complètement endigué l'épidémie alors même qu'elle en était le foyer principal l'a fait en confinant toute sa population pendant 2 mois et pas du confinement à la Française où t'as le droit d'aller acheter une baguette fraîche tous les jours !
Ensuite, la comparaison avec le choléra qui est une maladie qui se transmet par l'eau en l'absence d'un système d'assainissement adapté. Effectivement, face au choléra le confinement est une réponse très peu utile si vous continuez à boire de l'eau souillée … Mais ce n'est pas le cas dans le cadre de l'épidémie qui nous intéresse …
Le dépistage de masse est désormais enfin une priorité sanitaire. Le temps d’organiser la capacité d’analyses des laboratoires, nous y aurons tous progressivement droit.
Tout le monde attend ça de ces vœux, parce qu'on ne pourra vraisemblablement pas lever le confinement mais malheureusement ça n'arrivera pas du jour au lendemain. Pour rappel: les laboratoire d'analyse médicale de ville, qui auraient la capacité de faire les tests, ne les font pas, car ils n'ont pas de masques pour se protéger du risque de contamination …
Raoult est décrit comme une espèce de gourou (malgré ses états de service scientifiques remarquables)
On en revient au côté obscur du Pr Raoult qui est encore une fois complètement éclipsé par l'auteur.
[1] (je n'aime pas le point médian «⋅», du coup j'essaie de faire de l'écriture inclusive autrement, en alternant le genre. La langue française aurait furieusement besoin d'un article épicène, mais je m'égare).