Cet article est intéressant, pour la discussion, même si je ne suis d'accord avec quasiment aucun de ses arguments : il semble analyser différents arguments de la MMT de la manière la plus étroite possible avant de les réfuter avec des arguments de "bon sens".
sa réfutation de #1
n'en est pas vraiment une: je suis d'accord avec ce qu'il dit mais je ne vois pas en quoi il réfute quoi que ce soit. Le fait qu'il faut qu'il y ait quelqu'un qui accepte de détenir de la monnaie c'est vrai quelle que soit la source de la monnaie: crée par l’État ou par le crédit. Si personne ne voulait détenir de la monnaie, alors l'augmentation de la masse monétaire par l'augmentation de la dette privée conduirait à de l'inflation. C'est l'hypothèse monétariste de vélocité constante de la monnaie (qui empiriquement est fausse).
dans sa réfutation de #2
je suis d'accord avec le fait que la quantité de monnaie que L’État peut créer dépend de la quantité de richesse que l'économie est capable de produire (s'il y a excès de demande, il y aura hyperinflation), mais je pense qu'il accorde une trop grande importance au secteur commercial privé pour ce qui est de la création de richesses.
#3
est juste surréaliste ! Le système bancaire privé n'aurait jamais survécu sans l'intervention des banques centrales, et ce fait seul illustre l'existence d'une hiérarchie de la monnaie et le fait que l’État se trouve à son sommet. Pour un article écrit en 2011, soit juste après la crise financière, c'est incompréhensible que l'auteur face l'impasse sur ce point.Il utilise aussi dans son argumentation l'image d'un pays où il n'y aurait pas un système bancaire comme actuellement, mais une seule banque privée. Dans un tel pays, nous dit-il la banque centrale n'aurait aucun rôle puisqu'elle sert simplement à permettre les transactions entre banques, et un tel modèle serait contradictoire avec le point de vue de la MMT. Mais c'est absurde comme argument : si un pays ne devait avoir qu'une seule banque, celle-ci serait par définition la "banque centrale" et elle serait forcément nationalisée, et même en imaginant qu'elle ne le soit pas, son pouvoir sur le pays et son économie étant pratiquement sans limite, et elle serait de facto le centre du pouvoir, c'est à dire l’État !
#4
est naïve : il n'y a aucun lien durable et solide entre l'investissement privé et le taux de chômage. Dans certaines situations, notamment des situations d'économie de pénurie ou dans le cas d'un rattrapage économique d'un pays en développement, il y a un effet positif de l'investissement privé sur la situation économique et le taux de chômage, mais ce n'est pas vrai pour les pays occidentaux par exemple. C'est la vision classique de l'économie, qui pense que l'économie est toujours guidée par l'offre (et donc par l'investissement productif), mais la crise de 29 et ses conséquences on montré que ce n'était pas forcément le cas. En fait, dans les pays industrialisés, on a de bonne raisons de penser que ce n'est plus jamais le cas. Ce qui est marrant, c'est que Keynes qui est justement celui qui a détruit le mythe de l'économie guidée par l'offre, tente par une pirouette, de sauver l'idée du lien entre investissement et emploi.Et pour conclure, c'est le jackpot avec le point pourriture communiste : Bill Mitchell, le cofondateur de la MMT, dit que la MMT s'inspire de certains pour chez Keynes qui étaient déjà présents chez Marx, et là l'auteur du blog répond que Keynes n'aimaient pas les communistes et donc que les partisans de la MMT ne peuvent pas être des néo-Keynésiens. Comme si Marx se limitait au communisme ...