On n’en finit pas, par exemple, de contempler les étonnants renversements qui conduisent l’éditocratie à trouver horrifiant ici ce qu’elle trouvait admirable là, et réciproquement. « Qu’ils dégagent ! » en Tunisie : magnifique ; « Macron démission ! » : foule haineuse. Place Tahrir : printemps arabe ; Place de l’Étoile : hordes de casseurs. Crémation des statues de Chávez : peuple en lutte ; parodie de guillotine pour Macron : extrémistes violents. Police poutinienne : dictature ; police macronienne : ordre républicain.
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On pense au misérable QCM gouvernemental, à ses lignes déjà toutes tracées (« Baisser le taux d’impôt sur les sociétés à 25% », « Rendre la fiscalité du capital comparable à celle des autres pays européens pour stimuler l’investissement, y compris en supprimant l’ISF »), à sa manière toute particulière de poser les questions (« Identifier le type de dépenses publiques à baisser », « Faut-il supprimer certains services publics ? »), bref à cette parfaite ouverture du débat ouvert
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En fait, les institutions de la surdité organisée finissent toujours par recueillir l’émeute, et c’est dans l’ordre des choses.
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Parfois aussi, c’est sous la forme la plus innocente que se laisse découvrir la vérité : un syndicaliste policier, invité de l’émission d’Arrêt sur images (5), exprime avec une désarmante candeur son désarroi : « Les manifestants ne jouent plus le jeu ». C’est tellement complet, tellement profond, que c’en est vertigineux. En un mot, tout est dévoilé. La pantomime démocratique-sociale, c’était un jeu. Vous faites semblant de demander, nous faisons semblant d’écouter — n’oubliez pas de vous munir de vos merguez, et soyez rentrés pour 18 heures. Incidemment, le syndicaliste policier nous apprend que dans la liste des morts en puissance, on pourrait bien compter, non seulement Macron, les institutions de la Ve République, la presse, mais aussi les confédérations syndicales (au désespoir de leurs bases, souvent admirables) : mortes d’inutilité, pour n’avoir fait trop longtemps que « jouer ». Car voilà la chose enfin dite : Bastille-Nation, c’était un jeu.
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Au stade où nous en sommes, d’ailleurs, il n’est plus seulement question de la surdité des institutions, mais aussi de l’infamie des personnes, qui fait du renversement presque une exigence sanitaire. On dit qu’on connait quelqu’un à ceux dont il fait ses proches. Castaner, Griveaux, Benalla. Benalla, nous commençons à être fixés. Griveaux, on a bien avancé également (7). Non, là c’est Castaner qui fait une percée. « Aucun policier n’a attaqué de “gilets jaunes” », c’était déjà une sorte d’exploit. Ici on se demande : que peut-il se passer dans une tête comme celle de Castaner pour oser ceci quand (normalement) il doit savoir que les réseaux sociaux sont submergés des preuves de son obscénité ? Mais on connait que quelqu’un a atteint le dernier degré de l’ignominie quand ses efforts pour tenter de s’en tirer l’y enfoncent encore davantage : quelques jours après, réflexion faite, « il y a eu des atteintes graves à la vision ».
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Yaël Pivet-Braun, la présidente LREM de la commission des lois déclare sur RFI qu’elle « ne croi(t) pas qu’il y ait eu d’abus des forces de l’ordre (8) ». Comment des députés LREM peuvent-ils s’étonner de retrouver murées leurs résidences ou peinturlurées leurs permanences ? Par exemple : vous aviez deux mains, une est arrachée par une grenade qui est une arme de guerre. Là-dessus, vous vous entendez dire qu’il n’y a pas eu d’abus des forces de l’ordre, et même, de TF1, qu’il n’y a aucun blessé grave. Puis Macron ment outrageusement. « Vous êtes le seul pays qui utilise des grenades contre sa population » l’interpellent des étudiants à l’université de Louvain — « Alors là, vous dites n’importe quoi ». Qui niera qu’il y a de quoi avoir des envies de parpaings et de truelle ? — même à une seule main.
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À l’époque, déjà, Christophe Barbier ne voyait pas ce qu’on pouvait opposer à la légitimité de Louis XVI puisqu’il avait été installé selon les procédures régulières de la succession dynastique — parfaitement légitimes, ainsi, par conséquent, que le produit de leur opération. Ce que ces gens sont à l’évidence incapables de voir, c’est que la légitimité n’est pas une qualité substantielle. Un temps les institutions sont dites légitimes. Et puis un jour on les regarde sous un autre angle, et on se dit qu’en fait elles ne le sont pas. Alors elles tombent, et toujours de la même manière : sous le poids du scandale.
Un niveau de foutage de gueule assez épatant en vérité.
Quand le mouvement des gilets jaunes s'avance comme un mouvement anti-néolibéralisme et anti-mondialisation [1], qui arrive en France après que le même type de mouvement a frappé le Royaume-Uni (Brexit) et les États-Unis (Trump) avant nous, et voilà que ce cher sénateur vient nous expliquer que la source du mal c'est de ne pas avoir «réformé» plus tôt et que la solution c'est de le faire au plus vite.
Ça fait pourtant 35 ans, depuis 1983 pour être précis, que ce sabotage en règle que tous les «pragmatiques» appellent «réformes» est à l'œuvre sans interruption dans notre pays. Avec la dérégulation des marchés financiers et la libre circulation des capitaux dans les années 80, avec les privatisations du service public (Poste, Télécom, Électricité, gaz, banques, autoroutes), et des grands projets industriels (rail, nucléaire, armement), avec l'abolition des droits de douanes censées apporter la prospérité à tous [2], avec le renoncement à l'action politique[3], en ayant fait de l'Europe un gloubi-boulga ingouvernable, présidés en 2018 par un improbable triplet Estonie−Bulgarie−Autriche.
Trente-cinq ans que l'industrie Française se meurt, entre délocalisation et démantèlement des groupes industriels, laissant sur le carreau des millions de chômeurs. Et en même temps, ça fait 35 ans qu'on creuse artificiellement la dépense publique, avec des politiques fiscales ineptes et un impôt de moins en moins redistributif. Ah oui on parle de dépense publique et de fiscalité trop forte, quand il s'agit de donner les moyens à la justice où à l'éducation nationale, mais curieusement beaucoup moins quand il s'agit de distribuer des milliards par-ci directement aux particuliers les plus fortunés (bouclier fiscal hier, flat-tax aujourd'hui) et des dizaines de milliards (CIR et CICE) aux actionnaires des entreprises.
J'aimerais aussi revenir sur un passage du discours :
Pour les mêmes raisons que dans une démocratie il est préférable de mettre des bulletins dans des urnes que des pierres dans les vitrines.
Alors ça, je suis mais alors 100% d'accord, et la grande majorité des gilets jaunes aussi, mais c'est justement là le sens de l'appel populaire à la démission du président de la république [4] ou l'appel à une dissolution de l'assemblée nationale [5] : pour avoir une urne dans laquelle mettre son bulletin, plutôt que de devoir passer le temps pendant 3 ans en jonglant avec des pavés.
[1] on le voit dans les panels revendication qui émergent de manière plus ou moins anarchiques: opposition à la privatisation des services publics, à la concurrence internationale et aux délocalisations mais aussi à l'ouverture sur le monde et à la libre circulation des personnes.
[2] et merveilleux points de croissances du PIB qu'on nous promet à chaque signature d'un traité de libre-échange
[3] «ça on ne peut pas faire, c'est au niveau européen que ça se joue», tant pis s'il n'y a pas de gouvernement Européen, comme ça on peut juste dire qu'on ne peut rien faire.
[4] que je ne souhaite pas, la Vème République n'étant pas conçue pour fonctionner sans président de la République.
[5] que j'appelle de mes vœux, une cohabitation nous garantissant contre les dérives populistes qui menaces normalement dans ces situations.
Les «rationalistes» et leur «combat contre la grande escroquerie de l'homéopathie», vous êtes tellement à côté de la plaque vous me fatiguez … #FakeMed
Oui l'homéopathie c'est juste du sucre avec un joli packaging mais →
− on n'a jamais convaincu personne en étant condescendant, et franchement de ce point de vue là vous frisez les sommets.
− empiriquement l'homéopathie MARCHE. Oui elle ne marche pas mieux qu'un placebo, mais l'effet placebo est bien réel, avec des effets parfois stupéfiants (https://www.wnycstudios.org/story/real-doctors-fake-medicine-placebos). Qu'est-ce qu'il y a de mal à vendre des placebos en pharmacie ?
Je veux dire, par rapport à la quantité de merdes qui s'y trouvent déjà, entre régime minceur miracle et gadgets made in china censés aider à mieux dormir.
Alors oui, soigner un cancer avec seulement de l'homéopathie, c'est suicidaire, mais paradoxalement, en harcelant les consommateurs d'Oscillococcinum, vous ne faites que les radicaliser : l'inverse de l'effet escompté.
Vous rendriez un grand service à tout le monde si votre discours se bornait à dire : «Oui l'homéopathie ça marche, comme le Doliprane, mais vous ne prendriez pas seulement du Doliprane pour guérir d'un cancer ?»
Au lieu de ça vous vous obstinez à casser les couilles à votre grand-mère/mère/ belle-mère qui prend de l'homéopathie. Sauf que votre grand-mère son problème c'est qu'elle est VIEILLE, et la médecine ne peut rien pour elle.
Et elle tout ce qu'elle veut c'est se SENTIR soignée.
Et oui Boiron sont des salauds de capitalistes comme les autres labos pharmaceutiques, mais là le problème ce n'est pas l'homéopathie, c'est le capitalisme ;)
Nickel, cobalt, aluminum, manganèse, graphite… Les voitures électriques consommeraient deux fois plus de métaux rares que les voitures à essence
Mais merde à la fin !
Le graphite n'est même pas un métal, quand à l'aluminium c'est le 3ème composant le plus abondant de la croûte terrestre (derrière l'Oxygène et le Silicium) !
L'article est intéressant sinon, mais ce genre d'ânerie le décrédibilise complètement …
Petit coup de gueule contre un argument complètement idiot qu'on entend à tire-larigot depuis les nouvelles révélations du Monde sur l'évasion fiscale pratiquée par tous les grands groupes et les grosses fortunes.
Prétendre qu'on ne peut rien faire au prétexte que «c'est légal», c'est d'une stupidité sans nom. Il est difficile de lutter contre les choses qui existent alors qu'elles sont illégales, comme la fraude à la TVA ou le trafic de drogue par exemple, il faut faire des enquêtes et mettre en place des contrôles, ce qui demande des moyens humains importants. Mais lutter contre un truc nuisible alors qu'il est légal, c'est super simple : il suffit de faire une loi pour le rendre illégal !
Et ça tombe bien, à défaut d'être utile à autre chose, nos homme politiques sont les champions quand il s'agit de pondre une loi en réaction à un fait d'actualité, mais quand le fait en question est déjà parfaitement couvert par le droit. C'est normal, faire une nouvelle loi ça ne coûte pas cher, beaucoup moins que de faire appliquer les anciennes (pour ça il faudrait donner des moyens à la police, budgétairement c'est pénible).
Pourtant, lorsqu'il s'agit d'«évasion fiscale», il n'y a pas grand-monde dans la majorité pour proposer de faire une loi qui rendrait ces pratiques illégales …
Et qu'on ne me dise pas que c'est difficile, la quasi-totalité des pratiques en question étaient interdites jusque dans les années 80, avant qu'on décide de supprimer toutes les règles sur la circulation des capitaux.
Le génie du robocopyright de Youtube : Ce matin Orelsan a mis en ligne toutes les chansons de son dernier album La fête est finie (qui est excellent au passage). Et voilà que depuis quelques minutes toutes ces chansons sont inaccessibles, bloquées pour raison de droits d'auteur.
À côté de ça on peut encore trouver les chansons en question sur Youtube postées par des mecs qui vont se faire de la thune sur le dos d'Orelsan …
On remarquera que la deuxième vidéo a 11 fois plus de vues que celle d'orelsan …
Je me suis mis à lire des publications de recherche en économie ces derniers temps et franchement j'ai l'impression d'être à la place d'un prof de collège quand il corrige des copies avec des élèves qui écrivent n'importe quoi. C'est des erreurs de logique évidente, ou bien des interprétations fantaisistes de données, des mecs qui vivent dans un monde parallèle, etc. Je n'ai pas encore trouvé un papier qui n'ait pas une énorme ânerie dedans !
J'en viens à me demander si un mec sérieux et rigoureux pourrait choisir de faire de la recherche dans un domaine aussi fumeux. Et si ce n'est pas le cas, peut-être que l'économie est condamnée à rester éternellement une discipline pseudo-scientifique : si le niveau présent dissuade les scientifiques rigoureux de rejoindre ce champ de recherche, alors le niveau futur sera tout aussi mauvais …
Ce genre d'article, et d'opération de com' de la part de Greenpeace m'énerve. Pourquoi ? Premièrement parce qu'en attirant l'attention sur une éventuelle vulnérabilité, ça nous met directement en danger. Deuxièmement, parce que c'est faire feu de tout bois dans une lutte idéologique bornée contre le nucléaire, leur but n'est pas de faire un véritable état des lieux de la menace terroriste vis-à-vis de nos installations industrielles (ça ils s'en fichent) mais juste de trouver encore un argument contre l'énergie nucléaire.
Un attentat avec un niveau d'organisation et de moyen nécessaire à la destruction d'une piscine de stockage de combustible nucléaire pourrait aussi être déployé pour cibler une usine chimique, un terminal gazier ou une raffinerie pétrolière avec des conséquences sanitaires ou environnementales tout aussi dévastatrices (voir la catastrophe de Bhopal en Inde en 1984 pour avoir une idée des risques liés à l'industrie chimique), mais ça Greenpeace ne fera jamais une étude là-dessus, parce que la menace terroriste sur nos installations industrielles ils n'en ont pas grand-chose à foutre …
À l’époque du néolibéralisme, « réalisme » nomme la transfiguration continuée de l’échec patent en succès toujours incessamment à venir. Ce que la réalité condamne sans appel depuis belle lurette, le « réalisme » commande non seulement de le poursuivre mais de l’approfondir, donnant pour explication de ses déconvenues qu’elles ne sont que « transitoires », qu’on « n’est pas allé assez loin », qu’on s’est contenté de « demi-mesures » et que la « vraie rupture » est toujours encore à faire – et ça fait trente ans que ça dure. La parfaite identité argumentative dans ce registre entre Fillon et Macron devrait suffire à indiquer où le second se situe réellement et, de son « de droite / de gauche », quel est le terme surnuméraire.
Pour l’un et l’autre candidats de droite donc, comme pour tous ceux qui psalmodient avec eux, la « réforme », interminable par essence, c’est le voyage au bout de la nuit. Ou alors moins littérairement le stalinisme du marché : comme l’échec du socialisme — « réel » lui aussi — était imputable aux éléments saboteurs dont l’éradication n’en finissait jamais, celui du néolibéralisme doit tout aux rigidités résiduelles, aux dernières rentes incrustées — celles des taxis ou des cheminots bien sûr, pas celles du capital financier —, aux impôts qui ne cesseront d’être confiscatoires que lorsque leur taux sera ramené strictement à zéro.
Mes grands parents ont un abonnement RED à 8€ par mois, or RED veut les inciter à passer à un forfait à 10€/mois avec appel et SMS illimités (dont ils n'ont pas besoin). La stratégie infecte de RED : mes grands parents ont reçu un texto ce matin :
Exclu client (sic) [1]
dès le mois prochain vous bénéficierez d'un forfait [... 20 lignes de pipeau]
pour seulement 2€ de plus par mois (25% augmentation, une paille) [... encore 20 lignes de pipea
pour en savoir plus ou si vous ne souhaitez pas bénéficier de cet avantage [aller sur notre site et demerdez vous]
Non mais sérieusement ? une souscription à un abonnement plus cher sans l'avis de la personne, et en plus vous avez le culot de faire passer ça pour un avantage ? Mais allez vous faire foutre bordel !
Free a gagné un abonnement !
[1] oui, ma grand-mère est venu me voir paniquée parce qu'elle pensait avoir été exclue ! heureusement que les textos de SFR sont écrits par des crétins illettrés parce que sinon elle aurait probablement pris le texto pour de la pub et l'aurai ignoré.
Ahahahahahaha !
Cet article est vraiment ridicule, je le note ici pour pouvoir revenir dessus dans 2 ou 3 ans, on se marrera bien.
Mon morceau préféré reste quand même celui-là :
Enfin, et surtout, le contexte politique s’est retourné. Le Brexit, au lieu d’enclencher un effet domino, a conduit à endiguer, au moins provisoirement, la vague populiste. La reconquête a commencé avec la défaite du leader Geert Wilders aux Pays-Bas et s’est poursuivie avec la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle française. L’euroscepticisme obsessionnel qui frappait le Vieux Continent et les observateurs anglo-saxons, toujours prompts à jouer les cassandres sur l’euro, n’est plus de mise.
Ouais enfin c'est pas la folie non plus hein …
57% de popularité dont 53% pour la France, c'est mieux que l'an dernier, mais on reste très loin de la popularité de l'Europe d'avant le référendum pour la constitution (67% de convaincus par l'Europe en France en 2004, source).
Détail amusant : le Royaume-Uni est à 49% de pro-européen, et pourtant il vient de choisir de quitter le navire. C'est comme ça en démocratie, dès qu'on passe en dessous de 50% d'avis favorable, on a un risque non-nul de se faire dégager par les urnes. Pas de quoi s'enflammer sur la mort de l'Euro-secpticisme, quand on a 10 pays sur 27 (hors UK) qui sont en dessous du seuil de danger.
mais [la France ] a une occasion pour combler l’écart de compétitivité avec l’Allemagne, qui s’était creusé à partir de 2004. C’est la condition évoquée par Philipp Hildebrand [aujourd’hui vice-président du fonds d’investissement BlackRock, premier gestionnaire de capitaux au monde] pour que se réalise la « décennie dorée » qu’il prédit.
Tiens donc, donc pour avoir la décennie dorée qu'il espère, notre ami le grand capitaliste attend qu'on «comble l'écart de compétitivité», ce qui est en novlangue le moyen détourner de dire «détruire la protection sociale et le droit du travail» : en quelque sort M. Hildebrand espère une décennie de profit du capital sur le dos des citoyens, c'est vrai que ce n'est pas irréaliste comme pari malheureusement …
C'est quoi ce graphique absolument scandaleux en fin d'article ?! Il n'y a pas d'échelle stable, la taille des différentes barres ne représente absolument pas le chiffre en question, c'est du foutage de gueule complète là …
Ça me fait toujours marrer ce genre d'article.
Le retour au franc est le pilier d'un programme économique qui prévoit, entre autres, retraite à 60 ans, maintien des 35 heures, abrogation de la loi El Khomri, préférence nationale... Jugé cataclysmique par les analystes, ce projet implique plus de 100 milliards de dépenses supplémentaires. Il amputerait le potentiel de croissance de 2 à 2,5 points de PIB et, loin de générer de l'emploi via le protectionnisme, il en détruirait près de 500.000.
Les «analystes», toujours catégoriques dans leur prévisions, diseuses de bonne aventure des temps modernes. En pratique, la prévision économique ne marche jamais, ou en tout cas, pas significativement plus souvent que si on faisait un pronostique au hasard. D'ailleurs tous les candidats aux élections sont accompagnés par des économistes qui sont tous persuadés que leur programme économique va sauver le pays tandis que celui des autres candidats va échouer. Ce simple fait devrait suffire à ramener les prévisionnistes économiques à plus d'humilité, mais non ils n'en démordent pas : leur discipline est une science et elle est capable de prédire l'avenir …
Ce que je trouve encore plus dingue c'est quand les journalistes font des raisonnements économiques de comptoirs, comme ici :
À cet égard, un retour au franc provoquerait une dévaluation instantanée de 15 à 20 %, une forte hausse de l'inflation issue des produits d'importation comme des crédits aux particuliers et aux entreprises, des menaces sur l'épargne des ménages.
Je ne sais pas d'où vient cette légende urbaine comme quoi une dévaluation entraînerai mécaniquement de l'inflation, mais en tout cas elle a la vie dure malgré les nombreux contre-exemple dans le monde réel :
La dernière période de dévaluation qui a touché la France n'est pas très vieille, elle a eu lieu entre juillet 2014 et mars 2015, l'Euro a perdu plus de 20% de sa valeur (passant de 1.36$ pour 1€ à la quasi-parité 1.06$ pour 1€). À titre personnel, j'ai été pas mal touché par cette dévaluation, parce que je vivais alors aux États-Unis avec un salaire versé en Euro, mais il n'y a eu aucun impact sur l'inflation en Europe à cette époque Source, dévaluation Source, inflation.
On pourrait me répondre que la zone Euro est une énorme zone économique, et qu'elle influe directement sur les prix (et ne se comporterai donc pas pas en «price-taker», mais en «price-setter» du fait de son poids économique), ou encore que cette dévaluation a été progressive (9 mois de déclin) et non pas brutale comme le serait un retour au Franc. Ces arguments sont pertinents et on va donc s'intéresser au cas de la Grande-Bretagne depuis le Brexit.
Là, la situation est très semblable à ce qui arriverait en cas de sortie de l'Euro par la France (dans sa chronologie au moins, les chiffres pourraient être encore plus importants dans le 2ème cas, mais la dynamique serai vraisemblablement similaire) : entre le 23 et le 24 Juin 2016, en 1 nuit la Livre Sterling perds 8% de sa valeur (de 1.49$ pour 1£ à 1.36$ pour 1£) pour se stabiliser à 12% en dessous de sa valeur initiale au bout d'un mois, puis les deux premières semaines d'octobre son cours perds encore 6% de sa valeur et se stabilise à 1.23$ pour 1£, soit 17% de dévaluation par rapport au dollar relativement à la situation d'avant Brexit (par rapport à l'Euro, la dévaluation est d'un peu plus de 10%). On est déjà dans la catégorie des grands bouleversements de cours, et tous les investisseurs étrangers ont perdu des milliards en un temps très bref : si je suis un fond d'investissement immobilier propriétaire d'un portefeuille de biens à Londres, celui-ci a perdu 17% de sa valeur en 6 mois par rapport à un investissement réalisé en dollar. Pas cool.
Voyons maintenant comment réagit l'économie britannique à ces bouleversements :
Bref, les conséquences pour les Britanniques de la dévaluation liée au Brexit ont été nulles, à l'exception du seul impact inévitable lors d'une dévaluation : le pouvoir d'achat des touristes Britanniques a l'étranger a diminué, ce qui paradoxalement risque surtout d'affecter l'économie Espagnole qui dépend beaucoup du tourisme britannique.
Alors bien sûr, pour l'instant les anglais sont encore en Europe, et je ne suis pas sûr qu'une sortie du marché unique leur réussisse beaucoup à long terme, mais c'est quand même bon de rappeler les faits pour ne pas se laisser intoxiquer le cerveau par des Madame Irma catastrophistes.
Fait intéressant, en écrivant ce billet j'ai cherché des articles qui analyseraient les conséquences du Brexit : maintenant qu'on a un an de recul sur le référendum on peut commencer à étudier ce qui s'est passé. Et à mon grand désespoir, je n'en ai trouvé aucun ! Quand je recherche «Brexit consequences» dans Google, tout ce sur quoi je tombe, ce sont des articles de l'année dernière annonçant les catastrophes à venir en cas de victoire du «Leave» au référendum, ou des articles, plus récents, prédisant le chaos qui s’abattra sur l'Angleterre lorsque la sortie de l'Europe sera entérinée, mais pas un seul «économiste» ne fait sont travail d'économiste en étudiant ce qui ce passe vraiment. Alors oui je peux comprendre que c'est plus cool de faire des prévisions sur un coin de table et d'annoncer la fin du monde avec un air sûr de soi que de se taper des litanies des chiffres d'agences de statistiques pour comprendre le monde, mais c'est ça votre travail les gars ! Vous êtes économistes ou piliers de comptoir de bar PMU ?
Edit: je précise que je n'ai aucune sympathie pour Mme Marion (dite Marine[1]) Le Pen, ni pour son «programme» qui est un ramassis de démagogie populiste. Je suis juste en rogne contre les «économistes» qui font de la pseudo-science dans les médias.
[1] oui c'est un pseudonyme, c'est ma découverte de la semaine dernière donc je fais partager.
Lol, un article d'un hater de JavaScript, c'est toujours drôle :
The language is so bad that the use of a linter (such as JSLint or ESLint) is practically mandated for all JavaScript programmers.
Mec si tu code sans linter quelque soit le langage, tu es un danger public doublé d'un cas social. Les linters sont tellement important que tous les langages en ont, d'ailleurs le langage préféré de ce débile en a un livré direct avec le compilateur.
On the back end, you don’t have to choose Node (JavaScript) because the back end is already rich with many superior languages such as Java, Python, C#, Ruby, Erlang, and Go.
Python et Ruby, c'est globalement le même combat que JavaScript (langage de script sans typage statique et qui nécessitent d'avoir le runtime installé sur le serveur) mais avec une communauté de devs plus petite. Ruby a l'avantage d'avoir une vraie réflexion autour de sa syntaxe, mais l'inconvénient d'avoir une syntaxe unique, ce qui rend le langage moins facile à appréhender pour quelqu'un qui vient d'un autre langage dont la syntaxe est inspirée du C. La même chose s'applique à Python dans une moindre mesure. En 2017, la taille de la communauté, le nombre de package npm et le fait de pouvoir faire tourner le js à la fois côté client et serveur donne quand même l'avantage au JavaScript.
Java, le langage des grosses applications corporate du début des années 2000, tout semble venir du passé: du langage lui-même, enfermé dans des délires de «object oriented design pattern», à l'écosystème résolument ancré en l'an 2000, en mettant du XML absolument partout.
C#, le langage inventé par Microsoft pour vendre du Windows Server. L'objectif est un gros échec (aujourd'hui même Microsoft vend du cloud sous Linux) mais le langage lui est réussi, dommage que le port sous Linux soit arrivé si tard et qu'il soit encore très récent et immature.
I’ve been writing web applications for over a decade and it’s utterly shocking how little JavaScript I know!
Le JavaScript, ce sont ceux qui le connaissent le moins qui en parlent le plus …
For the front end, in particular, I’ve used Amber Smalltalk.
Le mec on est au 21ème siècle et il code en Smalltalk ! Hipster overload !
Ça m'énerve qu'on se focalise sur les coûts de productions de l'énergie, comme si c'était la seule chose qui comptait. Le problème de l'éolien et du solaire, ce n'est pas leur prix, c'est intermittence. Sachant que si on considère qu'on met en place des moyens de stockage pour résoudre ce problème, là le prix s'envole. On aura l'air malin le jour où on produira de l'énergie solaire low-cost mais où on n'aura pas d'électricité la nuit …
Il y a un commentaire qui résume ça très bien :
Je vais donc pouvoir me chauffer en été et m'éclairer le jour pour pas cher...
Tout le bruit fait autour du solaire et de l'éolien est nuisible à la transition énergétique, chaque article de presse et chaque euro dépensé dans ces techno ne le sont pas au profit d'énergies renouvelables viables (l'hydrolien, le houlomoteur, la géothermie ou n'importe quelle autre technologie en désamour) ni au profit de l'efficacité énergétique, et ça m'attriste.
Les médias et les hommes politiques voient les problématiques énergétiques comme ça:
prix d'un truc A < prix d'un autre truc B
donc A est mieux que B
Alors que les problématiques énergétiques c'est ça:
http://www.rte-france.com/en/eco2mix/eco2mix-consommation-en
React c'est vraiment cool, le concept de composant indépendants réutilisables c'est vraiment une bonne idée, et le JSX rend ça vraiment ergonomique.
Redux à côté c'est de la grosse merde, c'est genre le cadavre de l'abominable backbone ressuscité par un nécromancien bourré !
C'est un cancer ce truc en plus, ça infecte ton projet : tu commences à l'utiliser, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tu perds tout le concept des composants réutilisables. Tu te retrouves avec un monstre monolithique où tout changement quelque-part peut casser autre chose et où il faut modifier au moins 4 fichiers à chaque fois que tu veux faire le moindre changement, comme au bon vieux temps de l'époque Spring en Java.
Un cauchemar !
Ça fait 2 semaines seulement que c'est déployé sur des sites pilotes en Écosse et les politiques ne peuvent pas s'empêcher de critiquer parce que c'est leur adversaire qui a mis la mesure en place. Et bien évidemment les journalistes s'empressent d'attiser la polémique :
succès en Finlande, moins en Ecosse
Comment tu peux juger du succès d'une mesure de santé publique au bout de 2 semaines, sérieusement …
L’invention finlandaise a en tout cas fait des émules ailleurs dans le monde. Une société créée par des pères de famille finlandais en propose désormais à l’achat. Elles coûtent… 400 dollars pour la version de base, 600 pour la version « premium ».
Wat ? 400€ pour une boite en carton ?
Mener une expérience de diminution du temps de travail dans un domaine victime de «la maladie des coûts» n'était de toute façon pas une super bonne idée …
Le phénomène étant encore particulièrement accentué par le fait qu'on ne mesure pas la productivité d'un hôpital de manière pertinente: l’hôpital est vu avant tout comme une source de coût, et pas comme une source de valeur. Dans ces conditions, l'augmentation de la valeur produite (efficacité des soins, qualité de la prise en charge du patient) n'est pas du tout compté comme une augmentation de productivité. Avec cette vision, la seule augmentation acceptable de productivité serait l'augmentation du nombre de patient traité à coût égal …
Cette perception de l’hôpital comme source de coûts se comprend d'une certaine manière: on ne va jamais à l’hôpital par plaisir, c'est toujours un coût subit. Ainsi sur le plan économique l'augmentation de la valeur produite n'aura pas vraiment d'effet sur la demande [1], ni sur le prix [2]. Ce qui guide l'activité économique de l’hôpital, ce sont donc les coûts et non la valeur produite.
Après, vouloir traiter un hôpital comme un agent économique comme un autre est complètement débile, mais depuis quelques temps les «économistes»[3] gouvernent le monde, alors il ne faut pas s'étonner qu'on fasse n'importe quoi …
[1] les gens n'iront pas plus à l’hôpital.
[2] du moins en Europe, où la santé est prise en charge par la solidarité nationale et où les tarifs sont donc encadrés.
[3] j'emploie les guillemets pour préciser que je ne parle pas des universitaires qui font des recherches sérieuse sur ce domaine, mais des gens qui modélisent le monde de manière ultra brouillonnes et qui en déduisent des décisions politiques.