La première est que le pouvoir politique serait bien avisé de donner à ses forces de maintien de l’ordre les mêmes consignes claires de retenue et de stratégie de désescalade que celles qu’il a manifestement données aux forces locales de police et de gendarmerie par le biais des préfectures. Le contraste est en effet saisissant entre l’inaction voire la relative bienveillance des policiers et des gendarmes sur les ronds-points de nos villes et villages d’une part, et ce qui s’est passé ces deux derniers samedis à Paris.
Entendons-nous bien : que la situation soit particulièrement compliquée pour les forces de l’ordre à Paris est une évidence. Ils ont peu de renseignements en amont, doivent gérer des multitudes de petits groupes différents et en partie imprévisibles, interviennent sur des quartiers ouest-parisiens qui ne sont pas les lieux habituels des manifestations, redoutent à juste titre l’infiltration de « casseurs » et pillards… Mais la bonne réponse est-elle de tirer les premiers ?
Nombre de témoignages de gilets jaunes signalent que, samedi dernier, à Paris, ils ont été attaqués à la grenade lacrymogène par des policiers dès le début de la matinée, lors même qu’ils se rendaient tranquillement aux points de rassemblement validés par la préfecture de police. Cela s’appelle de la provocation. Et le résultat est nécessairement de mettre ces manifestants encore plus en colère, pour ne pas dire en rage.
Je plussoie tellement … Entre le rond point du nord de Gien, où les gendarmes papotent avec les gens présents, et Paris où je me suis retrouvé dans un nuage de gaz lacrymogène en allant OKLM chez le tailleur (et oui, #bourgeoisie), le contraste est assez frappant.
on note que les CRS et les gendarmes mobiles continuent à faire un usage extensif des pistolets Flash-Ball et autres lanceurs de balles en caoutchouc dont la dangerosité et finalement l’inutilité sont reconnues non seulement par les chercheurs, mais aussi – et depuis plusieurs années – par le Défenseur des Droits (qui a clairement demandé l’arrêt de leur usage dans les manifestations), et même par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, dans son rapport de 2015).
Avec les blessés, parfois grave, que l'on connaît …
Enfin, une deuxième chose semble assez claire, c’est que le pouvoir politique ne doit pas attendre (espérer ?) un pourrissement de la situation pour faire la seule chose qui ramènera le calme et lui permettra de reprendre par la suite la main pour préparer plus sereinement l’indispensable transition écologique (qui n’en est hélas plus à deux mois près) : donner clairement raison aux gilets jaunes sur leurs revendications immédiates relatives au pouvoir d’achat.
Le problème, c'est que ce n'est pas seulement de pouvoir d'achat dont il est question, mais aussi de démocratie et de réforme des institutions …