Nous vivons à une époque absolument effrayante. L'extrême droite a complètement gagné la bataille culturelle, et de la pire manière qui soit.
Dans les années 80 ça a commencé par «les étrangers nous volent notre travail», chassant sur les terres des communistes (qui luttaient depuis longtemps contre l'immigration de travailleurs encouragée par le patronat pour briser les grèves et miner les syndicats), puis ça a été «les étrangers nous piquent nos aides publiques», mais ce qui a vraiment marché c'est l'argument de la violence et de la sécurité: «les étrangers volent, violent et tuent, avec la complicité de la justice et du pouvoir politique». Sarkozy a été le premier à reprendre cet argument à son compte, puis Manuel Valls l'a définitivement fait rentrer dans le lieu commun du discours politique, et Macron via Darmanin, le Sarkozy miniature, continue à fond sur cette voie. Entretenant le mensonge que la justice est laxiste, et le mensonge de dire que la violence est importée, commise par des immigrés barbares contre les braves français.
Évidemment, loin de siphonner des voix à l'extrême droite, cela ne fait que banaliser leurs idées, et rendre leur discours plus audible. Maintenant que tout le monde (du moins tous ceux qui ont leur rond de serviette à la télé) est d'accord pour dire qu'on a un problème grave avec les étrangers, l’extrême droite pousse ses pions un peu plus loin: ce n'est pas suffisant d'avoir conscience du problème, encore faut-il l'affronter. Et pour cela, c'est pratique les problèmes imaginaires: puisqu'ils n'existent pas il n'est pas possible de proposer de solution alternative, seule l'extrême droite à la solution: la déportation (pudiquement appelé «remigration») et le génocide («la guerre civile»). Leur rêve c'est Srebrenica ou la saint Barthélemy.
Et ils sont plus proches que jamais d'arriver à leurs fins …