Ahaha, l'hypocrisie du «libéral» dans toute sa splendeur : un libéral prétend généralement être profondément attaché à la notion de liberté qu'il considère comme la valeur suprême. Au nom de la liberté, il condamne toute intervention de l'État dans l'économie ou la vie des citoyens, qu'il considère comme une atteinte fondamentale à la liberté individuelle. Pourtant quand on creuse un peu, on se rend bien compte que la liberté n'est jamais une valeur fondatrice pour un libéral :
Si l'État vous aide, c'est pour que vous soulagiez vos besoins vitaux et que vous redeveniez, dans la mesure du possible, financièrement indépendant. À ce titre la répression des fraudes sociales, les politiques de contrôle et de remise au travail des chômeurs sont parfaitement légitimes.
Entendons-nous bien, je n'affirme pas que les gens en recevant une allocation universelle, la dilapideront nécessairement en futilité. Je dis juste que si on reçoit l'argent d’autrui, de la collectivité, il est normal que cet autrui exige que vous en fassiez un usage raisonnable.
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Ici, la liberté individuelle disparaît au profit de l'obligation morale de travailler, d'être «financièrement indépendant» et de faire un «usage raisonnable» de l'argent reçu, valeurs qui sont donc fondamentalement plus importantes que la liberté individuelle.
En fait, contrairement à ce qui est revendiqué, le libéralisme n'est pas tant une philosophie de la liberté individuelle, qu'une philosophie de la responsabilité individuelle. Ainsi dans l'imaginaire libéral, les personnes issues de la bourgeoisie sont naturellement responsables (car bien éduqué) et œuvrent librement pour le progrès humain : il est donc essentiel que l'État n'interfère pas dans leurs mouvements, car il briderait leur créativité et leur capacité à produire de la valeur pour la société. Quand on parle des pauvres par contre, ils n'ont évidemment aucun sens inné de la responsabilité puisqu'ils manquent d'éducation, ainsi le libéral les imagine nécessairement fainéants et prompts à dépenser tout l'argent qui tombe dans leurs mains. Il faut donc les encadrer et les contraindre, pour les pousser à mener une vie digne et responsable.
Dans la suite de la vidéo, il expose d'autres arguments contre le revenu de bases, dont certain sont juste et d'autre sont caricaturaux et bêtes.
Par contre après il fait vraiment très fort : il dit que se poser la question du revenu de base est une bonne chose parce que ça permet de se poser la question de la réforme de l'État providence, et là il enchaîne en expliquant qu'il faut mettre en place une «flat-tax» plutôt que le revenu de base ! C'est drôle quand même, parce que la «flat-tax» (un impôt unique à taux fixe pour tous pour remplacer l'impôt progressif) c'est exactement le symétrique du revenu de base : le revenu de base ça consiste à donner de l'argent aux pauvres en prélevant des impôts sur les riches, la «flat-tax» ça consiste à donner de l'argent aux riches (en réduisant leurs impôts) en faisant payer des impôts aux pauvres (qui ne payent pas aujourd'hui impôt sur le revenu, mais qui paierait l'impôt à taux fixes).